LA PRISE DE CONSCIENCE SUR LE TERRAIN VOUS OFFRE DES OPPORTUNITES
Les produits ergonomiques suscitent de plus en plus d'interet
Aujourd'hui, l'ergonomie et la santé au travail sont des sujets très importants. Mais quel rôle le magasin de fournitures de bureau doit-il jouer à cet égard? Peut-il surfer sur cette vague d'attention croissante? Script a réuni plusieurs experts dans le domaine des équipements de bureau ergonomiques. Julie Devos, key account manager chez Fellowes, Vincent Bons, CEO de l'entreprise néerlandaise R-Go Tools et Ruben Tass, Sales manager Belux & France chez Despec et ergonome se sont rassemblés afin de parler d'ergonomie sous la direction de Michel Van Amersfoort, directeur Benelux et France chez Despec.
PRISE DE CONSCIENCE
Julie Devos: “On observe toujours un certain scepticisme chez le consommateur. Les gens surveillent de plus en plus leur alimentation et font suffisamment d'activité physique mais ils ne pensent pas assez au confort sur le lieu de travail. Pourtant, la plupart des employés de bureau passent plus d'heures au travail qu'à la maison."
Vincent Bons: “L'employé et l'employeur deviennent de plus en plus conscients. Des études révèlent que les employés heureux et en bonne santé sont beaucoup plus productifs et enregistrent nettement moins d'absentéisme. L'employeur a donc tout intérêt à créer un environnement de travail sain."
Ruben Tass: "Cette prise de conscience s'accompagne aussi d'une évolution du travail flexible. En 2014, 20% de tous les travailleurs en Belgique exerçaient un travail flexible. C'est beaucoup. Mais ces 20% étaient actifs dans seulement 8% des entreprises belges. Cela montre que les choix sont faits par l'employeur et pas tellement par l'employé. On voit de plus en plus souvent que l'ergonomie fait partie de ces choix si bien que la vente de matériel de bureau ergonomique affiche un pic. Seulement, il est encore un peu insuffisant, aujourd'hui."
Julie Devos: “Des études révèlent que 70% (CoreNet survey, Sustaining talent through wellbeing in the Workplace, 2017) des employeurs trouvent que la santé au travail doit être abordée de manière proactive. On peut douter de ce pourcentage mais en tout cas, cette hausse prouve que le thème suscite de l'intérêt. A côté de ça, l'ergonomie n'est pas une science exacte. On peut demander conseil à 10 ergonomes différents et se retrouver avec 10 avis différents.
Vincent Bons: C'est vrai. L'ergonomie est quelque chose de très personnel. Et il n'y a pas forcément une corrélation entre le fait d'être assis 10 minutes et une douleur au dos. Non, cela dépend d'une personne à l'autre.
VASTE CONCEPT
Julie Devos: “Le concept d'ergonomie est très vaste. On préfère parler du fait de travailler sainement. Ainsi, la communication à l'égard de l'employeur est importante. Qu'est-ce que cela lui rapporte lorsque les gens peuvent travailler sainement?"
Ruben Tass: “Je trouve que le bruit et l'éclairage font partie de l'ergonomie au bureau. Mais ce sont des choses sur lesquelles le magasin de fournitures de bureau ne peut pas agir. L'important, pour lui, c'est les deux mètres carrés dans lesquels l'employé se tient, avec sa souris, son clavier, son écran, son porte-documents, sa chaise et son bureau. C'est le poste de travail qui doit s'adapter à l'utilisateur, pas l'inverse. C'est surtout ça qui est important."
Julie Devos: “Pour donner une signification au concept de l'ergonomie, qui semble un peu creux, beaucoup de fabricants travaillent avec une pancarte simple et un module keep it simple: si vous souffrez d'une douleur X, vous pouvez opter pour les produits Y et Z. Ainsi, les choses sont claires pour le commerçant et le consommateur, qui peuvent alors s'y retrouver facilement."
REGLEMENTATION
Julie Devos: “En Belgique, les employeurs ne sont pas obligés de prévoir une ergonomie optimale pour leurs employés. Aux Pays-Bas, c'est imposé par la loi relative aux conditions de travail (Arbowet). A cet égard, les Néerlandais ont donc une longueur d'avance."
Ruben Tass: “En Belgique, l'éclairage, la température et l'acoustique sont fixés par la loi. Les aménageurs de bureaux en tiennent compte mais le contenu de l'environnement de bureau est libre. Aux Pays-Bas, les entreprises peuvent faire appel à des ergonomes pour aménager le bureau."
Vincent Bons: “Ceci dit, tout n'est pas parfait aux Pays-Bas. Mais en tout cas, la législation permet de réagir plus rapidement à l'absentéisme. Si l'on remarque dans une entreprise un taux élevé d'employés forcés de rester à la maison pour les mêmes problèmes, on peut agir et examiner quelle est précisément la cause."
Julie Devos: “Parfois, les employeurs doivent aussi faire preuve de bon sens. Qu'est-ce qui coûte le plus cher: des personnes souffrant de problèmes au dos qui sont obligées de rester à la maison pendant des mois ou bien investir dans des équipements de base comme un support pour écran et une chaise de bureau adaptée?"
Ruben Tass: “Aujourd'hui, il y a des subsides pour des fruits gratuits au travail. Cela va peut-être même devenir obligatoire dans un avenir proche. C'est ce genre d'étape que l'ergonomie de bureau devra aussi franchir avant d'être entièrement ancrée. La balle est donc dans le camp des autorités."
INTERVENIR DES LE PLUS JEUNE AGE
Ruben Tass: “Comme souvent, la Scandinavie a une longueur d'avance en matière d'ergonomie. Là-bas, les directeurs d'école sont obligés de prévoir des bureaux et des chaises adaptés à chaque élève. Si nous pouvions implémenter ici cette façon de voir les choses, cela donnerait un énorme coup de boost à la vente de produits ergonomiques. Non seulement pendant la période scolaire mais aussi au travail. Il ne faut pas oublier que les élèves d'aujourd'hui seront les employés (et les employeurs) de demain. Ils ne vont pas décider d'un coup de négliger l'ergonomie. Au contraire. Ils exigeront que l'on tienne compte de l'ergonomie parce qu'elle leur a été imposée dès leur plus jeune âge."
Vincent Bons: “Etant donné l'augmentation de l'utilisation d'écran (en moyenne 6,5 heures par jour pour les écoliers) et le manque de prise de conscience ergonomique, plus de 60% des enfants ressentent des douleurs après avoir utilisé un écran (source: Hogeschool van Rotterdam). Je pense donc que nous n'avons pas affaire à une mode mais à une nouvelle manière de travailler, à laquelle il faut accorder une grande attention."
Julie Devos: “Ce qu'on apprend jeune, on le sait pour toujours. Aux Pays-Bas, ils ont commencé par proposer plus d'activité physique et de sport dans les écoles. Si on y habitue les enfants dès leur plus jeune âge, ils continueront à le faire plus tard.“
“Un client qui achete une chaise de bureau tres chere pour soulager son mal de dos sera egalement tente d'acheter un support pour ecran ou une souris verticale qui coutent au total 100 euros mais qui offrent une belle marge au commerçant"
PRESENTATION EN MAGASIN
Ruben Tass: “On remarque que le consommateur peut essayer pendant une ou deux semaines des produits issus du segment de prix supérieur, comme une chaise permettant de travailler assis ou debout. Pourquoi ne pourrait-on pas le faire avec des souris ou des claviers? On peut avoir un certain produit en double afin de permettre au client de l'essayer. Ainsi, s'il lui plaît, il pourra l'acheter. De cette manière, le commerçant ne doit pas se constituer un gros stock mais le client peut tester le produit."
Vincent Bons: “Souvent, le prix constitue un obstacle. Autrefois, il s'agissait plutôt de produits de niche. Mais avec la prise de conscience générale, l'offre se développe et le prix baisse. Est-ce qu'une souris de 50 euros est chère, aujourd'hui? On voit que les produits ergonomiques se mélangent dans le segment de prix des produits classiques. C'est également un avantage pour le commerçant."
Ruben Tass: “Le commerçant doit aussi se rendre compte que cet assortiment se vend différemment d'autres produits. Au début, le vendeur a plutôt un rôle informatif. A un certain moment, la demande va augmenter et le bouche-à-oreille pourra faire son œuvre. C'est davantage un processus à suivre en tant que vendeur."
Julie Devos: “Faites travailler vos collaborateurs avec des produits ergonomiques. Ainsi, ils pourront immédiatement aider les clients intéressés avec leurs conseils et leurs expériences."
FRILOSITE
Ruben Tass: “Les magasins d'équipements de bureau pensent trop vite que les produits ergonomiques nécessitent une grande connaissance. Ce n'est pas le cas. Un simple assortiment de base permet déjà à beaucoup de clients de travailler de manière ergonomique."
Vincent Bons: “C'est vrai. Un magasin spécialisé qui propose des claviers et des souris peut aussi proposer une variante ergonomique. Souvent, ces produits sont très simples à utiliser et donc à expliquer: un clavier scindé permet de conserver la position naturelle des poignets. Idem avec une souris verticale, qui permet de garder la position naturelle de la main. Ces éléments de base sont intéressants pour le commerce de matériel de bureau et le consommateur final. Le commerçant peut facilement proposer un assortiment de base de souris, claviers, supports pour portable ou pour écran … Un à deux produits ergonomiques par assortiment devraient suffire pour aider le client."
Vincent Bons: “Pour mieux ancrer l'ergonomie, il faut que les fabricants encadrent correctement les commerçants. Via un blog, des white papers ou des formations. On constate que le commerçant propose une bonne chaise de bureau et un bon bureau mais malheureusement aucun autre produit ergonomique. Alors qu'un client qui achète une chaise de bureau très chère pour soulager son mal de dos sera également tenté d'acheter un support pour écran ou une souris verticale qui coûtent au total environ 100 euros mais qui offrent une belle marge au commerçant. Là aussi, c'est à nous d'informer suffisamment le commerçant sur les différentes possibilités.
LA PAROLE AUX COMMERCANTS
Selon plusieurs commerçants spécialisés interrogés sur le sujet, il est de plus en plus question de produits ergonomiques mais le marché belge présente encore de sérieuses douleurs de croissance. “Les utilisateurs finaux sont rarement entendus alors que c'est justement eux qui devraient donner leur avis. Souvent, ces décisions sont prises par les chefs d'entreprise et/ou les conseillers en prévention, ce qui ne permet pas d'être très réactif. A ce niveau-là aussi, les Pays-Bas et les pays scandinaves sont beaucoup plus avancés." Toutefois, la Belgique progresse légèrement au niveau de la prise de conscience et de l'information. “Souvent, les brochures et les séances d'information des fournisseurs suffisent pour rester au courant des dernières tendances. Comparé à il y a 5 ou 10 ans, la prise de conscience a fortement changé. Les obstacles à cet égard sont les suivants: maintenir le prix abordable et arriver à convaincre le consommateur final sans contact direct, via des catalogues et des e-shops."
WORKPLACE 2025
Selon une étude, le poste de travail physique tel que nous le connaissons actuellement sera totalement différent d'ici 2025. Les millenials, qui auront bientôt leur mot à dire en entreprise, chercheront un meilleur équilibre entre le travail et la vie privée et accorderont plus d'attention au fait de travailler sainement. Comme beaucoup de gens n'auront plus de poste de travail fixe, les espaces de bureau vont être plus petits. Ils seront donc exploités selon les besoins du moment, en accordant une grande attention à la verdure. Une étude de l'Université de Harvard révèle que les bureaux certifiés 'verts' sont 26% plus attrayants et réduisent l'absentéisme de 30%. Des espaces de sommeil et de repos ainsi que du mobilier ergonomique doivent veiller à ce que le travailleur rentre chez lui frais et motivé.
Source: Workplace 2025, PAC Market Study - Pierre Audin Consultancy & Fujitsu

